Page:Ramuz - Aline, 1905.djvu/108

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voir. Il pensait : « Adieu pour ce soir. Après tout, on pourra se coucher de bonne heure. » Et cette idée lui était agréable, parce qu’il avait du sommeil en retard.

Mais, le surlendemain, il plut encore. L’ennui est vite là quand on n’a rien à faire. Julien se dit : « Allons à l’auberge. » Alors il y eut Constant.

Les charpentiers démolissaient le pont de danse. On avait ôté les drapeaux et les guirlandes et tout. L’auberge avait l’air d’avoir vieilli tout à coup, plus noire, ridée et montrant son crépi tombé par place sous les fenêtres. Tout était devenu mort comme quand l’orage a passé. On lisait sur un écriteau noir à lettres jaunes : Auberge communale. L’enseigne en tôle où un paysan pousse sa charrue pendait tristement au bout de sa potence.

Julien monta le perron. L’odeur du vin