Page:Ramuz - Aline, 1905.djvu/109

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sortait par bouffées du corridor. C’est une odeur qu’on aime à sentir de nouveau. En entrant dans la salle, il revit les tables de bois brun, le poêle de faïence, les tableaux au mur, et il fut content. Constant était tout seul au bout d’une table. Et il fut content lui aussi, car il s’ennuyait. Il dit :

— Tiens ! c’est toi. Salut !

Et ils s’assirent en face l’un de l’autre, bien accoudés pour pouvoir causer.

— Qu’est-ce qu’on prend ?

— Un demi.

— Va pour un demi.

Constant était un grand garçon avec de la barbe couleur de sa peau rouge et des cheveux ras un peu roux. C’était un tireur. On lui voyait des grains de poudre au coin de l’œil. Il se mettait devant la cible bien posé sur le talon, il visait longtemps en