Page:Ramuz - Aline, 1905.djvu/141

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grand creux où il faisait tout noir. Il y avait un morceau du ciel au-dessus d’elle, et il devenait toujours plus petit, et enfin, comme un point blanc ; et, en même temps, elle étouffait.

Elle avait pâli. Ses belles couleurs étaient parties comme l’églantine s’effeuille. Elle avait aussi beaucoup maigri ; ses poignets ronds étaient devenus carrés et trop minces, et elle avait des cordes sur les mains comme les vieilles femmes ; on voyait à ses tempes qui s’étaient enfoncées un petit bouquet de violettes, et c’étaient les veines ; et elle ne mangeait plus.

Henriette lui disait :

— Allons, mange.

Elle répondait :

— Je n’ai pas faim.

Et, comme elle toussait, sa mère reprenait :