Page:Ramuz - Aline, 1905.djvu/148

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tît fort, mais rester avec lui ; et elle disait :

— Oh ! tu sais, je t’aime bien, toujours plus ; et puis le petit est à toi, marions-nous, je serai tant bonne.

Et lui ne songeait pas à la battre ; il aurait seulement voulu qu’elle fût loin et souffler dessus comme sur un peu de fumée, c’est pourquoi il répétait :

— Ce que tu dis, je m’en moque. Fiche-moi le camp !

À ce moment, le père Damon sortit de l’écurie. Il était court et tassé et il écartait les jambes d’étonnement. Aline eut peur. Il lui parut que les arbres du verger s’abattaient tous ensemble et que la nuit venait dans le ciel. Elle courut. Les maisons du village couraient à sa rencontre le long de la route. Elle avait comme de l’eau trouble dans les yeux. Et lorsqu’elle vit sa mère, les forces lui man-