Page:Ramuz - Aline, 1905.djvu/178

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Puis Aline vit son enfant dans les bras de sa mère. Alors elle fut impatiente de l’avoir tout à elle, pour s’y attacher et s’empêcher d’être emportée et s’oublier aussi, car les petits enfants coûtent beaucoup de peine, ils se salissent, il faut les bercer, leur donner à manger et beaucoup d’autres choses qu’elle aurait voulu faire, mais elle était trop faible encore.

Elle regardait dehors. Des moineaux, tombant par grappes du toit, passaient devant les vitres comme des pierres noires. Un petit lilas se couvrait de verdure et ses feuilles encore froissées semblaient des papillons battant de l’aile aux souffles du printemps, mais la chambre était noire et triste, avec ses murs nus, ses poutres enfumées et sa fenêtre close. Henriette prétendait que l’air est mauvais pour les nouveau-nés. On respirait l’odeur aigre du lait.