Page:Ramuz - Aline, 1905.djvu/185

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

puisqu’il n’a rien que moi. Maman est vieille, et on ne sait pas, à son âge, ce qui peut arriver. Et puis il deviendra grand, pour quand je serai vieille aussi. » Et sa chair tressaillait en se penchant sur lui.

Cependant l’enfant n’allait pas mieux, au contraire. On le voyait s’éteindre et se plisser comme un fruit qui sèche. Il ne pouvait presque plus remuer, une humeur jaune suintait de ses paupières et sa peau était écailleuse. Aline regardait l’ombre se répandre sur son front bombé. Elle pensait : « Est-ce que c’est possible, est-ce que c’est possible ! » Elle sentait des forces invisibles et malfaisantes rôder autour de son enfant. Est-ce qu’elles allaient le lui prendre ? Un tout petit qui n’a point fait de mal. Et elle pensait : « C’est ça qui l’étouffe. Il a des choses qui se couchent sur lui. »

La sage-femme avait bon cœur et