Page:Ramuz - Aline, 1905.djvu/228

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

cimetière ; il n’y avait rien là que les oiseaux, l’herbe, et les arbres et les fleurs ; et les morts.

Henriette ne bougeait pas. Alors les oiseaux venaient, sautillant autour d’elle, parce qu’elle était comme le tronc des arbres ou les pierres des tombes. Le soleil venait aussi et montait le long de ses jambes. Midi sonnait. Elle se levait.

La clé craquait dans la serrure rouillée. La maison était devenue branlante et bien triste, car les maisons sont comme les gens. On sentait le malheur qui était entré et qui s’était posé là, avec sa tête accoudée et son mauvais air qui pèse. De grosses araignées couraient dans le corridor. Et le jardin aussi était abandonné. Les légumes montaient en graine, le pommier, mangé par la vermine, avait laissé tomber ses pommes avant la maturité :