Page:Ramuz - Aline, 1905.djvu/230

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même place. Il y avait encore une photographie au mur. Elle la prenait dans ses deux mains.

On y voyait Aline toute petite, avec une robe blanche et une chaise sculptée plus haute qu’elle ; et, dans le fond, un château peint, des feuillages ; et, sur le devant, un tapis ; c’était comme chez les riches sur cette photographie. Aline avait les cheveux frisés et de grands yeux ; le temps de l’enfance est le beau temps où on ne sait rien de la vie.

Elles étaient montées tout en haut d’une grande maison, dans une chambre en verre. Ce jour-là, il faisait bien chaud. Et, comme Aline pleurait, le photographe avait pris un pantin à bonnet pointu et à grelots dorés. Elles étaient revenues par le chemin de fer. Henriette avait perdu son mari l’année avant. Il était mort d’avoir trop bu.