Page:Ramuz - Aline, 1905.djvu/25

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mûrissent ou les feuilles qui tombent. Et il songeait seulement que le dîner devait être prêt et qu’il avait faim.

Mais, comme il arrivait à la route, il s’arrêta tout à coup, mettant la main sur ses yeux. C’était une femme qui venait. Elle semblait avoir une robe en poussière rose. Il se dit : « Est-ce que ça serait Aline ?… » Et, lorsqu’elle fut plus près, il vit que c’était bien elle. Alors il sentit un petit coup au cœur. Elle marchait vite, ils se furent bientôt rejoints.

Elle était maigre et un peu pâle, étant à l’âge de dix-sept ans, où les belles couleurs passent, et elle avait des taches de rousseur sur le nez. Pourtant, elle était jolie. Elle avait les yeux indécis comme l’aube. Son grand chapeau faisait de l’ombre sur sa figure, jusqu’à sa bouche qu’elle tenait fermée. Ses cheveux blonds, bien lis-