Page:Ramuz - Aline, 1905.djvu/39

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Que la campagne était déserte ! Le frôlement de ses pieds dans l’herbe était pareil à un grand bruit. La première étoile était venue. Elle avait comme un petit grelot dans le cœur qui sonnait tout le temps, disant : « J’aime bien Julien… j’aime bien Julien… » Elle tenait la boîte dans sa main fermée et elle pensait par moment : « Julien m’aime bien aussi. »


Les nuits d’été sont courtes. Au tout petit matin, les ouvriers partent faucher, pendant que l’herbe est encore tendre. On remue dans les maisons et les coqs chantent de poulailler en poulailler. La vieille Henriette se leva ; elle était toujours debout avec l’aube, ses habitudes étant réglées comme la mécanique d’une pendule. Et, dès qu’elle fut habillée, elle alla appeler Aline.