Page:Ramuz - Aline, 1905.djvu/46

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maison si elles veulent se marier. Aline souriait à toutes ; c’était le bonheur qui soulevait ses lèvres et découvrait ses dents. Il semble que tout est bien facile quand on aime. Le soleil est plus clair, les fleurs sont plus belles et les hommes meilleurs. Alors le monde se découvre, paré comme un champ de fête de ses arbres, de ses prairies et de ses montagnes.

Elle se regardait au miroir. Elle se disait : « Est-ce que je suis jolie ? Mais je ne suis pas sûre ; peut-être quand même un peu. » Et elle était devenue bien jolie, parce que ses joues étaient plus roses, ses lèvres plus rouges et ses yeux plus bleus. Il y a un temps où c’est ainsi ; la jeunesse sort du cœur qui est heureux et elle est comme le matin sur les prés.

Elle se disait quelquefois encore : « J’aime pourtant bien ma maman. Je ne