Page:Ramuz - Aline, 1905.djvu/58

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— C’est bien les heures de rentrer.

Il se passa un petit moment. Aline s’était assise. Alors elle sentit que sa mère la regardait. Elle ne la voyait pas, s’étant détournée d’elle, mais elle sentait ses yeux comme deux brûlures. Puis son sang commença de remuer, d’abord tout au fond, ensuite en montant, et il vint bientôt dans sa gorge, comme de l’eau bouillante qui fit un flot rouge sous ses joues et chanta dans ses oreilles ; et elle eut la tête en feu. Elle aurait voulu la cacher dans ses mains, mais sa mère était là ; et sa mère lui dit :

— Menteuse !

Aline ne répondit pas, la racine des cheveux lui piquait dans la peau.

— Tu entends, dit Henriette, d’où est-ce que tu viens ?

Et Aline dit à voix basse comme les enfants qu’on gronde :