Page:Ramuz - Aline, 1905.djvu/59

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— J’ai été un petit bout dans le bois.

— Toute seule ?

— J’ai rencontré aussi Julien.

— Qui ça ?

— Julien.

Henriette dit :

— C’est du joli !

Puis elle ajouta :

— Ça n’a pas dix-huit ans ! une gamine !

Et après, elle secoua sa vieille main devant elle et reprit :

— À présent, c’est fini.

Aline était comme un oiseau qui s’est bâti un nid. Le vent souffle, le nid tombe, il n’y a plus que des débris. Elle voyait qu’elle n’avait pas bien connu le monde et tous les empêchements qu’il fait de s’aimer. On va où le cœur vous pousse, comme elle avait fait, et on s’est donné un baiser, et un deuxième baiser, et on voit que c’est fini.