Page:Ramuz - Aline, 1905.djvu/62

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venait l’heure, elle avait plus mal, revoyant le petit bois, le pré et le ruisseau où son esprit allait, car l’esprit a la liberté et il est rapide, mais le corps est attaché et l’esprit se moque de lui. Et elle enviait les hirondelles qui faisaient des ronds sur le toit.

Cependant le temps passait quand même, à pas traînants, comme un mendiant sur la route. Elle continuait de travailler, elle portait la même robe et le même chapeau ; elle était seulement plus triste, mais il faut regarder dans les yeux pour voir le chagrin qu’on a.

Puis, quand tout fut ainsi, un soir qu’elle était assise sous le prunier, la tête contre le tronc, sa mère vint vers elle.

Henriette avait son tricot, mais il faisait trop noir, elle le remit dans la