Page:Ramuz - Aline, 1905.djvu/71

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la réalité. Et elle se disait, sortant de ses songes : « C’est peut-être pour demain soir. » Et puis elle pensait : « Non, c’est déjà pour ce soir ! » car minuit était passé. Et elle frissonnait. Elle avait chaud à la tête et froid aux pieds. Enfin, l’aube s’agita devant les croisées comme un lambeau de toile grise, elle entendit sa mère se lever et elle se leva, elle aussi.

Henriette lui dit :

— Comme tu es matineuse !

Elle répondit :

— Je n’avais pas sommeil.

Elle sortit dans le jardin, les nuages se défaisaient un à un. De petits morceaux de ciel bleu se montraient dans les déchirures. Les nids étaient vides, les oiseaux ne chantaient plus. Et des gouttelettes restées au creux des feuilles brillaient comme des miroirs.