Page:Ramuz - Aline, 1905.djvu/76

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Comme Julien ne recevait pas beaucoup de lettres, il eut de l’étonnement et il pensa : « Ça vient du village. C’est une écriture de femme, pour sûr. Qui est-ce que ça peut bien être ? »

Il entra dans la grange pour lire.

— Tonnerre ! dit-il. Aline !

Alors il lut la lettre une seconde fois pour être bien sûr. Et il riait tout seul en se tapant sur la cuisse. Il se disait : « Moi qui croyais que c’était fini, ça m’ennuyait bien ; et puis, voilà ! rien du tout. Faut-il qu’elle m’aime ! »

Ensuite il se mit à siffler, tellement il était heureux. La grange était haute comme une église ; on voyait le foin, la paille et, en montant dans l’ombre, le dessous des tuiles et les lattes du toit qui descendaient en pentes égales jusqu’au faîte des murs où le jour passait ; on entendait, dans