Page:Ramuz - Aline, 1905.djvu/77

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l’écurie, le ruminement des vaches et le bruit des chaînes ; le foin qui fermentait sentait acide ; et, par la porte, le jour blanc brillait comme une plaque d’argent.

Julien enfonça ses mains dans ses poches. Il se sentait solide sur ses talons. On disait dans le village : « Pour un beau parti, c’est un beau parti. » Sa mère aimait à répéter : « On ne voit pas beaucoup de garçons comme lui. » Et, tout au fond de son idée, il trouvait que sa mère avait raison.

Le père Damon était syndic et riche. Il avait de la chance. C’est pourquoi son bien allait s’arrondissant tout seul, année après année, comme une courge qui mûrit. C’est de ces gens qui sont partis sur le bon pied, les héritages viennent, et on n’a rien qu’un fils par-dessus le marché. Le monde est le monde, les uns ont tout, les autres n’ont rien.