Page:Ramuz - Aline, 1905.djvu/83

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les ouvriers sur le foin. Et puis l’étendue est seule avec les étoiles.

Julien, étant arrivé près de chez Henriette, s’arrêta de l’autre côté de la route, sous un saule qui est là, et attendit.

La vieille Henriette n’était pas couchée, il y avait deux lumières. Julien se dit : « Elle doit m’attendre, mais la vieille est longue, ce n’est pas encore le moment. »

Il était bien sûr qu’Aline viendrait, pourtant il trouvait le temps long. Il se mit à compter jusqu’à cent, et, toutes les fois qu’il était à cent, il se disait : « Encore une minute ! » Puis il dit :

— Voilà dix heures.

L’horloge sonnait rauque comme un cheval qui tousse, et on entendait le battant retomber.

« Oui, voilà dix heures, la vieille ne veut pas s’endormir. Heureusement qu’on