Page:Ramuz - Aline, 1905.djvu/84

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entend les heures, il fait bien trop nuit pour voir à sa montre, et puis Aline n’a point de montre. Il faudra que je lui en donne une, si ce n’est pas trop cher ; une en acier, c’est plus solide. »

Et il recommençait à compter : « Un… deux… trois… dix… vingt. » Seulement la tête lui tournait dans tous ces chiffres.

Il pensa : « Qu’est-ce qu’il y a ? À dix heures, pour des femmes, on est couchée, bien couchée ; ce serait le moment de dormir. Est-ce embêtant ! » Ses jambes devenaient raides comme des bâtons plantés dans la terre. « Elle s’est peut-être moquée de moi, pensait-il ; elle le paiera ! » Mais, tout à coup, les lumières s’éteignirent,

Julien s’avança au milieu de la route. Il se disait : « Est-ce qu’elle me voit, à présent ? » Il y eut un petit bruit, comme un