Page:Ramuz - Joie dans le ciel.djvu/21

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les chemins que la glace rendait brillants, quelque fatigue qu’on ressentît ; car on ne faisait rien à sa guise, on faisait non ce qu’on voulait, mais ce que les choses voulaient ; on faisait et c’était défait, et il fallait recommencer à faire ; et on refaisait, et c’était défait… vous souvenez-vous ?

Les autres ont hoché la tête.

C’était sous un ciel ennemi de nous et jaloux, c’était contre toute la nature. C’était contre la terre fâchée qu’on la touchât, contre la plante ayant ses idées, contre les animaux, contre les hommes, tous ennemis aussi les uns des autres, jaloux les uns des autres et en guerre toujours. Et l’homme ennemi des animaux, les animaux ennemis des animaux, et la plante ennemie de la plante. Et partout la destruction d’une chose par sa voisine, de sorte qu’on devait tout le temps réparer, tout le temps se