Page:Ramuz - Joie dans le ciel.djvu/47

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margerites, soussi, œuillets sur les paquets, après quoi elle les enfermait dans une armoire ; — et voilà qu’à présent elle avait recommencé à écrire les noms, elle écrivait de nouveau : soussi, œuillets.

Hélas ! dans l’autre vie, ce jardin auquel elle tenait tant lui avait été repris, à cause d’un grand fils qu’elle avait.

Dans l’autre vie, où rien n’était solide, il lui avait fallu un jour tout vendre, car alors rien ne pouvait durer ; il lui avait fallu, bien que déjà vieille, tout quitter et se mettre en place, ayant eu à payer les dettes de ce fils.

Elle avait été vivre chez les autres, travaillant pour les autres, malgré son âge, durement ; c’est chez les autres qu’elle était morte.

Elle se souvenait encore du matin où elle n’avait plus pu se lever de ce lit