Page:Ramuz - Joie dans le ciel.djvu/78

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à force de me dire : « Elle est là », il me semblait que je te voyais.

Il lui tenait la main ; l’eau coulait à pleins bords, sans le plus petit bruit ; ils mirent une marguerite dessus pour la voir s’en aller ; elle s’en alla très vite, comme un petit bateau s’en va.

Ils mirent un brin d’herbe sur l’eau ; à ce brin d’herbe, une fourmi qui était en train de se noyer s’est raccrochée.

Ils mirent un message sur cette eau, le message fut emporté ; ils voyaient qu’il ne lui faudrait pas beaucoup de temps pour aller jusqu’au village ; le message était : « Bonnes pensées de ceux qui sont heureux à ceux qui sont heureux. »

L’eau allait bien toujours, mais le temps n’allait plus. On pouvait maintenant sans crainte laisser l’eau suivre son chemin ; ce n’était plus un peu de