Page:Ramuz - Joie dans le ciel.djvu/93

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on se disait : « C’est un accident » ; on se disait : « C’est la vache qui fait le veau ». Et, quelquefois, les nuits d’orage, voilà qu’elles s’allumaient toutes à l’imitation des éclairs, et tout le monde s’habillait, parce qu’il n’y avait de sécurité pour personne, et la vie de chacun de nous pouvait lui être reprise à chaque heure, comme ses biens.

Le veilleur de nuit faisait sa tournée avec sa lanterne ; c’était une lumière de plus, et celle-ci se promenait.

L’homme chargé de distribuer l’eau cheminait le long des rigoles, déplaçant les planchettes qui servent d’écluses ; encore une lumière qui allait et venait.

Par les nuits les plus tranquilles, il fallait qu’on fût sur ses gardes.

Par les plus belles nuits d’étoiles. Sous les étoiles, sous point d’étoiles. En tout temps, en toute saison, parce qu’on ne savait jamais.