Page:Ramuz - La beauté sur la terre, 1927.djvu/180

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— Une communication importante…

— Oui, mon vieux, une autre fois…

« Mesdames, vous entendez, » a-t-il dit aux femmes qui font la lessive, comme il passait près d’elles.

Elles sont à genoux dans leurs cuveaux, elles ont tourné la tête : « Vous entendez, c’est lui qui me cherche, mais bien le bonjour, Mesdames… Et puis, dit-il aussi, le temps est trop beau aujourd’hui pour qu’on le laisse perdre… »

— Au revoir, Mesdames.

Elles frottent sur la planche avec un morceau de savon de Marseille trop gros pour leur main et carré, mais qu’elles finissent par user aux angles et qui diminue ; elles font une mousse blanche ; on voit sur l’eau bleue, où il y a des cygnes, ces autres taches blanches aller et se balancer. Rouge passe.

Et voilà qu’en rentrant il ne l’a pas trouvée, parce qu’elle était dans sa chambre, mais tant mieux. Au repas de midi, où elle a fini par venir, elle n’a rien dit, mais tant mieux. Elle ne parle pas, tant mieux. Elle a eu de nouveau l’air d’être ailleurs, tant mieux ; elle semble triste, tant mieux…

« Maintenant, on sait pourquoi, pense-t-il, et on lui fera la surprise… »

Et, un peu plus tard, il a dit à Décosterd :

— Écoute Décosterd, tu vas prendre le sac… Tu iras au café du Chemin de fer, tu leur demanderas deux bouteilles d’Aigle… Non, prends-en six… Va seulement jusqu’à la demi-douzaine. Il y a de la place dans le sac. Une demi-douzaine de