Page:Ramuz - La beauté sur la terre, 1927.djvu/73

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petite humidité montait encore avec une légère vapeur entre les pieds des tables dont le bas était tout éclaboussé d’une terre fine qui séchait et devenait blanche en séchant.

— J’aime ça, parce que c’est rare.

Un petit à figure jaune, qui était assis en face du grand qui parlait, hochait la tête pour approuver, tenant les mains sur le corbin de sa canne ; le troisième des trois hommes regardait par-dessus le mur du côté du lac.

— Et c’est rare, extrêmement rare… Comment est-ce qu’il a fait, ce Milliquet, comment est-ce qu’il s’y est pris ?… Il faudrait le lui demander, où est-il ? On ne l’aurait pas cru si malin tout de même…

Trois marchands qui faisaient une tournée dans une voiture légère en pitchpin, attelée d’un petit cheval aux jambes fines qu’ils avaient attaché par la bride devant le café ; et le grand de nouveau :

— Où est-il, ce Milliquet ?

Il tapa sur la table avec le manche de son fouet qu’il a tiré à lui assez difficilement d’entre ses jambes et de dessous sa blouse.

Ce fut la nouvelle servante qui vint (elle était arrivée la veille).

Ce ne fut pas celle qu’il attendait, ce ne fut pas Milliquet non plus ; c’est la nouvelle servante qui est venue, et elle fait son métier qui est de venir quand on l’appelle ; mais le grand :

— Tu es trop petite…