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LA GRANDE PEUR

tout penchait de nouveau. La grosse Apolline est apparue entre les groupes, puis a disparu, allant et venant comme elle pouvait, parce qu’elle était appelée, mais il n’y a pas à s’y tromper. On sait, on sait bien, nous autres, ce que c’est, une fois que ça commence… On entre. Ils ont été interrompus, parce qu’on entre. Ceux qui venaient d’entrer avaient de l’eau qui leur coulait sur la figure à travers l’aile de leur chapeau, tandis qu’il en restait une provision derrière le bord du feutre, et elle tombait en ficelles quand ils amenaient la tête en avant. Il y a eu encore ces quatre qui entrent avec leur fusil ; c’étaient ceux du poste qu’on venait de relever, et ils fumaient avec leurs habits de grosse laine une vapeur dans la fumée… On sait bien, quand les malheurs viennent… Et ce mulet ?… La porte s’est ouverte, s’est fermée. La porte s’ouvre, se ferme : il semble que toute cette mauvaise nuit cherche à entrer également ; quelques-uns ont dit : « Fermez la porte !… »

— Ce mulet, est-ce naturel ? As-tu vu Romain, toi ?

— Non.

— Eh bien, moi je l’ai vu… Fermez la porte…