Page:Ramuz - La grande peur dans la montagne, 1926.djvu/119

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
121
DANS LA MONTAGNE

Parmi le grand bruit :

— Et quand on est dans le malheur, on y est, comme ils disaient.

— Moi, je l’ai vu ; il m’a tout raconté. Eh bien, tu sais, c’est une pierre… Tu connais l’endroit comme moi ; alors, écoute bien, cet endroit, est-ce qu’il n’avait pas été choisi exprès ?… Et, cette pierre, c’est quelqu’un…

Parce qu’un malheur ne vient jamais qu’un autre ne vienne ; les malheurs se marient entre eux, ils font des enfants, comme dans le Livre ; — et on recommençait :

— Le sang, c’est d’abord…… Le bétail, il vient au milieu… Ensuite, c’est qu’il fera nuit.

Parmi le grand bruit :

— Et si seulement ils avaient fait ce que Barthélemy leur avait dit de faire, s’ils avaient seulement comme lui le papier…

Parlant ainsi, et tous ensemble, puis l’un après l’autre dans la salle à boire, et longtemps après, sous l’averse ; sortis par groupes de la salle, faisant des groupes dans les rues ; faisant des groupes devant les maisons, sur les escaliers, sous la pluie ; — alors le sommeil n’est guère venu, il n’a guère été avec nous, cette nuit-là, qui se