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LA GRANDE PEUR

trouvait être justement une des plus courtes de l’année, une de ces nuits du commencement de juillet qui sont finies à peine commencées.

Et déjà il a fallu aller gouverner les vaches restées au village ; puis c’est que Pont aussi faisait ses préparatifs de départ.

On l’a vu mettre sur son dos son sac de soldat bien rempli, tandis que son bâton ferré était posé debout contre le banc.

Il prit son bâton. On voyait que le sac bombait sous le poil et le bombement faisait que le poil, dans le milieu du couvercle, allait en avant. Le garde avait une hotte.

Il faisait du brouillard, mais il ne pleuvait plus.

On a vu Pont s’avancer avec le garde dans la rue mouillée ; puis, étant arrivé entre les deux dernières maisons, là on l’a vu encore soulever de la main ce rideau qui retombe.

Le rideau du brouillard retombe sur Pont qui n’a plus été vu, ni le garde ; — de sorte qu’elle, non plus, personne ne put la voir, parce que c’était beaucoup plus loin sur le chemin qu’elle guettait Pont, s’étant levée avant tout le monde ; puis est venue à la