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LA GRANDE PEUR

venir sous la fenêtre de Victorine. Sa chambre était une petite chambre située sous l’angle du toit, du côté de la rue, et elle se tenait dans sa chambre pendant qu’on allait et venait sous sa fenêtre. À présent, partout les lampes étaient allumées dans les cuisines ; elle aussi, avait allumé la sienne, et, sur la petite table de sapin, il y avait une feuille de papier quadrillé, un porte-plume verni en rouge avec une plume à la rose, une bouteille d’encre violette ; il y avait aussi une enveloppe avec un nom écrit dessus.

On disait dehors :

— Ce qu’il y a peut-être de plus inquiétant et ce qui semble bien prouver que Munier avait raison, c’est que dans les deux autres chalets…

On avait été voir, en effet, dans les deux autres chalets de la commune et tout y allait comme à l’ordinaire.

— S’il y avait la maladie ailleurs, continuait-on sous la fenêtre, la chose s’expliquerait. Mais il n’y a que Sasseneire… Ce n’est pas naturel…

Car la maladie n’était rien encore, n’étant qu’un signe et qu’un commencement, comme on pensait ; ce qui faisait peur, sans