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LA GRANDE PEUR

elle aussi aux nouvelles ; et Victorine entend son père qui répond :

— Que voulez-vous qu’on sache d’autre ? On a fait tout ce qu’on a pu. Il ne nous reste plus qu’à attendre.

— Et Victorine ?

— Elle est couchée.

— Ah ! mon Dieu !… Enfin, bonne nuit.

— Bonne nuit.

Victorine ne s’était pas montrée, parce qu’elle pense trop à une chose, toujours la même, devant sa plume et son encrier.

Encore une porte qui s’ouvre. Plus loin, dans le bas de la rue, derrière les fenils, plusieurs hommes discutent à haute voix, sans qu’on comprenne. « Oh ! comment est-ce qu’on va faire ? pense-t-elle ; comment est-ce qu’on va faire ? Parce que j’ai voulu donner ma lettre à Pont, mais il n’a pas voulu la prendre. Et je ne vais plus rien savoir de lui, et il ne va plus rien savoir de moi… »

« Pendant combien de temps ? »

« Et, encore, qu’est-ce qu’il ne va pas arriver là-haut pendant ce temps ? »

Car, à ce moment, elle a entendu ses deux frères qui sortent, et l’un d’eux a dit, sur le