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LA GRANDE PEUR

qui la mettait en colère, ce qui la faisait rire, puis elle semblait prête à pleurer.

Il la prenait par la main, il la tirait à lui ; mais elle se fâchait de nouveau, disant qu’il allait lui déchirer son caraco de mohair, bien mince en effet, et brillant, brillant comme un morceau de ciel sous les arbres, pendant qu’il y avait là-haut entre les arbres ces autres morceaux de ciel.

— Ne tire pas si fort, tu vas me déchirer…

Ah ! elle n’était pas toujours commode, mais on trouvait toujours moyen de se raccommoder.

Elle faisait tenir ses frisons noirs avec de l’eau sucrée, elle se mordait les lèvres pour les rendre plus rouges. Ils regardaient l’écureuil, ils regardaient la pie faire aller sa queue en haut et en bas. Ils regardent la pie, puis ils se mettent assis ensemble pour la regarder, pendant qu’elle se balance toujours sur le ciel dans le bout d’un sapin, car rien ne presse et on a tout le temps ; pendant que les autres tournaient là-haut, puis ils s’arrêtaient de tourner, puis ils recommençaient de tourner, comme on entendait à la petite musique qui venait, ne venait plus, venait de nouveau, Et, tout à coup, il avait dit :