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DANS LA MONTAGNE

voudrait ne plus l’entendre, on cherche à se distraire de lui (quand il n’y a plus rien, quand c’est comme avant les hommes sur la terre ou quand il n’y aura plus d’hommes sur la terre) ; — avec un petit peu de musique, une danse, les toutes petites notes claires tremblotantes (une marche, puis une valse, puis une polka) ; et Joseph pendant ce temps était ici, les coudes sur les genoux ; puis il n’a plus été ici.

De son côté, il était parti ; c’était son tour à lui de se mettre en route, pendant que la petite musique venait toujours, mais elle venait à présent pour lui entre les pins, bougeant doucement derrière leurs troncs rouges, et par terre aussi c’était tout rouge, à cause des aiguilles tombées sur lesquelles Victorine glissait.

Pendant que la petite musique venait, et la petite musique venait d’en haut, à leur rencontre, entre les pins ; tandis que Victorine glissait, parce qu’elle n’avait pas de clous à ses souliers. C’étaient ces petits souliers sans clous qu’elle mettait pour aller danser le dimanche ; une de ces après-midi de dimanche où ils allaient danser dans les fenils de la montagne, de l’autre côté de la forêt ; alors elle glissait sur les aiguilles, ce