Page:Ramuz - La grande peur dans la montagne, 1926.djvu/153

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XI

Elle n’a eu le jour suivant qu’à aller se promener en-dessous du poste. Là son père était justement propriétaire d’un coin de pré ; elle n’a eu qu’à faire comme si elle allait voir où l’herbe en était de pousser. Les hommes du poste ne soupçonnèrent rien. Le beau temps était toujours dans le ciel où il se peignait en bleu foncé, d’un côté de la vallée à l’autre, entre les deux pentes vertes ; elle est allée sous le beau temps. Le torrent coulait à côté d’elle. Il se trouvait avoir fortement baissé encore depuis une semaine, le gros de la neige ayant fini de fondre sur les sommets. Il avait aussi changé de couleur ; et, après avoir été blanc et trouble, était devenu comme du verre de bouteille, laissant voir les grosses pierres qui étaient au fond de son lit. De temps en temps, une truite passait au-dessus d’elles