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DANS LA MONTAGNE

Là, on pense qu’elle a dû se reposer un moment…

« On a trouvé une place, disent-ils, où des plantes de forêt montraient qu’on s’était assis. Elle a dû donc s’asseoir pour se reposer et tout allait encore bien à ce moment pour elle. C’est seulement plus loin, disent-ils… Il faut croire qu’elle connaissait mal les passages et elle ne s’était pas rendu compte de la difficulté qu’ils offrent. Elle a dû tomber une première fois ; son panier a roulé dans des buissons où on l’a retrouvé. Oh ! on a pu tout lire, disent-ils, toute son histoire, comme si elle l’avait écrite exprès pour nous. Il faut se représenter que la nuit, dans ces fonds, on ne voit même plus ses mains, ni ses pieds, et on doit se creuser son chemin avec le bout des doigts, comme les aveugles. La nuit, dans ces bancs de rochers, avec tous ces petits pins bas où on se prend les jambes et la terre qui est glissante : eh bien, ça ne l’avait pas empêchée et elle est allée tant qu’elle a pu. Oh ! on a tout pu lire, comme si on avait été avec elle, et comment elle était tombée une première fois, puis elle s’était relevée, puis elle était tombée de nouveau. Probablement qu’elle a appelé, mais que voulez-vous qu’elle fît,