Page:Ramuz - La grande peur dans la montagne, 1926.djvu/161

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
163
DANS LA MONTAGNE

qu’à lire jusqu’au bout… Jusqu’à une de ces poches dans le roc, et là plus rien. C’est que l’eau l’avait gardée… »

Ils disent :

« L’eau l’a gardée tout le mercredi, tout le jeudi, tout le vendredi et tout le samedi matin encore, bien qu’on eût été fouiller partout avec des perches et des crocs, mais on n’avait rien découvert, parce qu’elle a dû tourner ces trois jours sur place ou bien elle était restée prise à des racines sous un surplomb ; alors elle aura balancé là tout ce temps et jusqu’au moment où ses cheveux auront cédé ou bien peut-être que c’est sa jupe ; c’est-à-dire que c’était le samedi dans la matinée, peu après que le mulet aux provisions était parti pour le chalet, étant convenu qu’il n’irait pas jusqu’au chalet et que les provisions seraient déposées au Scex Rouge… Alors la question avait été : « Faut-il prévenir Joseph ? » mais tout de suite on s’était dit : « Non, gardons-nous en bien, il voudra descendre… » Le mulet est parti, disent-ils, vers huit heures ; le vieux Théodule était dans son pré. Il ne le quittait plus ; il passait là toute la journée, toutes ses journées ; il avait passé là ces trois journées, regardant si elle ne viendrait