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LA GRANDE PEUR

pas. Elle ne venait pas. Et puis elle est venue : peut-être qu’elle avait fini par avoir pitié de lui… »

« Le vieux Théodule était dans son pré, disent-ils ; tout à coup, il la voit qui vient. Elle venait comme sur une balançoire ; elle s’est arrêtée devant lui un petit moment… Il s’avance, mais elle repart ; alors il a marché à côté d’elle et, à mesure qu’elle avançait, il avançait… À ce moment, elle se trouvait être dans le beau milieu de la rivière, de sorte qu’elle venait sans empêchement, le menton en l’air. L’eau la soutenait bien, elle se laissait faire, elle montait et descendait comme sur une balançoire, pendant que sa jupe gonflée s’élevait plus haut que l’eau et son tablier était dessus… On n’a eu qu’à la laisser venir jusqu’au pont… C’était après le petit Ernest, après le mulet tombé, après l’accident de Romain. Et puis il y avait toujours, là-haut, la maladie… »