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LA GRANDE PEUR

fouet qu’il faisait claquer aussi au-dessus de sa tête, et : « Hô ! hô ! » les deux ensemble ; mais Barthélemy suit et le neveu du maître suit ; prenant les uns d’un côté du pâturage, les autres de l’autre côté, de manière à rabattre le troupeau.

Ils sont allés, ils sont allés longtemps. Ils marchaient vite, ils criaient, ils faisaient claquer leurs fouets. Ils faisaient claquer leurs fouets de toutes leurs forces, étant maintenant assez éloignés des uns des autres ; ils criaient de toutes leurs forces, ils faisaient claquer leurs fouets pour tromper leur solitude ; sous les grandes parois, sous l’une et l’autre grande paroi ; — et Joseph allait sous celle de droite ; — alors la marche, le grand air, l’excitation qu’on se donne vous font du bien ; tout à coup, il a pensé : « Quel jour est-ce qu’on est ?… Samedi ? Oui samedi… C’est le jour où ils doivent monter les provisions. J’aurai une lettre !… »

Il fait claquer son fouet plus fort encore dans l’air où la mèche fait une petite fumée ; et : « Hô ! hô !… » tant qu’il peut, tandis que les vaches courent vers le bas du pâturage, où on les voit qui se réunissent peu à peu : « J’aurai une lettre… »