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DANS LA MONTAGNE

Et : « Hô ! hô ! » Les trois autres poussent le même cri qui arrive à Joseph de tous les côtés à cause des échos ; et lui : « Je vais avoir de ses nouvelles. »

Il était presque joyeux ; voilà comment va le cœur. Il ne se pressait plus, ayant besoin d’être seul (le contraire d’avant), voilà comment va le cœur. Il avait laissé les autres aller devant avec les bêtes, lui venait plus derrière, la lanière du fouet passée autour du cou. « J’aurai une lettre… on prendra patience… Je lui écrirai : Prends patience. Il faut seulement savoir attendre… Quand on est sûr, n’est-ce pas ? l’un de l’autre ; quand on se sait fidèles l’un à l’autre, n’est-ce pas ?… » voilà comment va le cœur.

Il allait, la lanière de son fouet jetée autour du cou, le manche du fouet battant sur sa cuisse ; — il n’a pas vu qu’on venait à sa rencontre et c’est cette voix seulement qui l’a fait lever la tête :

— Alors, tu rentres ?

La voix de Clou :

— Est-ce bien vrai, Joseph ?… Parce que si tu rentres là-bas, tu es perdu.

La personne de Clou a alors été devant lui ; et Clou :