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LA GRANDE PEUR

papier, aucune feuille, aucune double, ni même simple page ; — quand sur ces papiers quadrillés un cœur se met et vient à vous.

Là-haut, ils n’avaient toujours pas bougé de leur place ; c’est ainsi qu’ils ont vu Joseph qui revenait ; ils l’appellent, Joseph n’a pas répondu.

Joseph s’est avancé encore, jusque devant le chalet, comme il peut ; là, on le voit qui jette sur le cou du mulet la longe, et a laissé le mulet aller où il a voulu sous sa charge, sans plus s’occuper de lui ; puis Joseph s’est enfoncé dans le trou d’ombre de la porte.

Eux ne comprenaient pas ; ils n’ont pas cherché à comprendre. Ils laissent de nouveau leur tête aller en avant, pendant qu’on voyait le mulet continuer d’avoir sur le dos ses deux sacs. Ils se sont tenus de nouveau dans l’immobilité, jusqu’à ce que le soir eût commencé à venir ; alors ils se lèvent. Du moins le maître et le neveu s’étaient levés, à cause du soir qui venait, et Barthélemy les entend à côté de lui qui se mettent debout, puis ils partent en traînant les pieds. Barthélemy se lève à son tour. Il a vu que le maître était arrivé devant le chalet : là, le maître