Page:Ramuz - La grande peur dans la montagne, 1926.djvu/211

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
213
DANS LA MONTAGNE

« Joseph, mon Dieu ! Venez vite ! est-ce lui ? » Puis : « Catherine ! Catherine ! » c’était une de ses voisines ; — mais il descendait l’escalier, il est reparu, il traverse la cuisine pour sortir, sans plus rien dire ; il est dehors, il est sur le perron ; là, il a été éclairé.

De sorte que tous l’ont vu, et ont vu que c’était bien lui, non pas seulement son fantôme, tous ceux qui s’étaient mis aux fenêtres ou se tenaient sur le pas de leur porte, d’un bout à l’autre de la rue ; — lui éclairé là-haut vivement par derrière ; ainsi on voit qu’il tient sa carabine dont il tire la culasse en arrière, puis y glisse une cartouche.

Puis :

— Oui, c’est moi !

Là-haut, sur le perron ; seul à être éclairé là-haut, d’un bout à l’autre de sa personne, avec le geste que ses mains font, avec le geste qu’il a fait ensuite de rejeter la tête en arrière :

— Venez seulement !…

Il a fait alors comme s’il attendait qu’on vînt ; on n’est pas venu. Il attend encore, on ne vient pas ; il commence à descendre lentement les marches.