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LA GRANDE PEUR

Au milieu des marches, il s’arrête.

Il avait mis sa carabine en travers de ses genoux, il s’est assis ; on le voit qui remet ses souliers, puisqu’il n’avait plus maintenant à se gêner de personne.

Il remit ses souliers sans se presser, car on sait bien qu’on ne vous dérangera pas : Puis il a été debout.

Il continuait à ne pas se presser, il descendait la rue, il ne se retournait même pas.

À mesure qu’il les avait dépassés, les gens sortaient de chez eux et se mettaient à le suivre, mais il ne s’est toujours pas retourné, tenant sa carabine sous le bras gauche.

Devant lui, il n’y avait personne et même les têtes qui étaient apparues aux fenêtres se retiraient, les portes qu’on avait déjà ouvertes s’étaient fermées.

Il a pu passer sans aucune peine, il a pu aller où il voulait.

Là, il a parlé avec douceur. Il a dit à l’oncle :

— S’ils viennent me déranger, ça leur coûtera cher…

C’était l’oncle qui était venu à la rencontre de Joseph jusque dans la cuisine ; mais Joseph n’a pas élevé la voix, il a dit :