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DANS LA MONTAGNE

On devrait dire plutôt : ils arrivent, vu qu’ils étaient toute la bande, y compris Compondu, c’est-à-dire sept ou huit, s’étant sûrement entendus pour venir ensemble ; de sorte qu’il ne s’est rien passé du tout sur la place quand ils sont arrivés ; ils n’ont rien dit, on ne leur a rien dit ; le vieux Munier n’avait même pas levé la tête.

Il était dix heures. On a été chercher le corps. On marchait derrière le cercueil.

La famille venait d’abord. Ensuite, c’était la place du Président, vu sa qualité de Président, et des municipaux ; le Président, en effet, venait ensuite, puis venaient les municipaux, suivis de Munier et des vieux. Tout s’est passé dans la règle jusqu’à l’église et à l’église de même, pendant l’office qui a eu lieu comme de coutume. Il ne faut pas oublier de dire que le village tout entier y assistait, hommes et femmes, de sorte que, ce qui pouvait bien se passer pendant ce temps hors de l’église, personne ne s’en est douté. Tout continuait de se passer comme toujours en cas de mort : c’est-à-dire qu’on est entré dans le cimetière et qu’on avait fait le cercle autour de la fosse, tandis qu’il y avait, à côté des deux frères et du père de Victorine, le Président.