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DANS LA MONTAGNE

grand vide, où Joseph se lève parce qu’il avait froid.

Il marchait à grands pas ; il avait boutonné sa veste ; autour de lui, le pâturage se refermait rapidement. On voyait que les parois qui entouraient le pâturage étaient couvertes de taches noires.

Joseph ne pouvait pas s’empêcher de se retourner de temps en temps, puis il portait ses regards à ces parois. On n’entendait toujours rien, puis voilà qu’une pierre dégringole.

Et une pierre dégringole de nouveau ; c’était cette fois dans la direction du glacier ; alors Joseph, levant la tête, l’a eu tout entier en face de lui, qui était rose encore à son sommet, mais à ce moment même le rose s’est éteint.

Au moment où Joseph levait la tête, le rose s’est éteint sur le glacier, qui est devenu pâle dans toute sa longueur, en même temps qu’il semblait s’avancer et venir à votre rencontre.

Il parut venir à votre rencontre avec une couleur méchante, une vilaine couleur pâle et verte ; et Joseph n’avait plus osé regarder, il s’était mis à marcher plus vite encore en baissant la tête ; heureusement que