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LA GRANDE PEUR

était dans sa chambre en train d’écrire une lettre à Joseph quand elle a entendu du bruit dans la rue.

Elle a été ouvrir la fenêtre. Il y avait dans le haut de la rue une femme qui venait de sortir de chez elle, pendant que d’autres femmes étaient sur leurs perrons.

Victorine a reconnu la mère du petit Ernest ; et la mère du petit Ernest :

— Je ne sais pas ce qui lui arrive ; il n’arrête pas de trembler…

On voyait sur ces autres perrons les barres de lumière que faisaient en travers de la dalle les portes ouvertes à demi ; là, les femmes, se penchant, disaient quelque chose, et d’en bas :

— Oh ! bien sûr, j’ai tout essayé… Je lui ai fait boire du thé bouillant, je lui ai mis des bouteilles d’eau chaude… Ça n’a servi à rien, qu’est-ce qu’il faut faire ?

— Attendez…

On est descendu des perrons ; les femmes avaient rejoint la mère du petit Ernest.

Il faut dire que Victorine n’avait pas pensé ce soir-là beaucoup plus loin, et, ayant fermé sa fenêtre, elle s’était remise à écrire. Romain devait descendre le samedi suivant avec le mulet. La grande affaire était alors