Page:Ramuz - Les Signes parmi nous.djvu/95

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Juste si Caille avait la force de ne pas se retourner. Et la voix de l’homme dans la cour vint encore de loin :

— Tu as compris, suis-le. Ne le lâche pas jusqu’au village.

La bête fit un nouvel écart, Caille entendait très bien les coups de talon qu’on lui donnait dans les flancs ; ces bêtes qu’on mène chez le maréchal, sans selle, ni éperons, ni étriers ; on les monte à crû ; il s’agit pourtant qu’elles vous obéissent ; on n’est pas dragon pour rien, on le fait voir.

La bête dut se tenir debout en l’air un instant, elle retomba ; tout à coup elle s’élança, elle fut retenue ; elle ne devait pas être maintenant à plus de dix pas de Caille, si on en jugeait d’après le bruit qu’elle faisait en soufflant.

Caille prit à droite, on la fit prendre à droite ; il prit à gauche, on la fit prendre à