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autres penseurs intrépides, qui appelons chaque chose par son nom, nous disons que cette répression de soi-disans abus n’est autre chose qu’un acte de despotisme évidemment contraire à la liberté, aux principes libéraux qu’on affecte, et qui, loin de servir l’autorité qui s’en étaye, la sape dans ses fondemens. Qui ne craint point la lumière, la laisse pénétrer, et le gouvernement qui la repousse, par cela seul prouve qu’il a lieu de la redouter. Si j’étais chef d’un État, je laisserais jaser tout le monde, certain que ce qui serait sans fondement, serait aussi sans danger, et d’assez bonne foi d’ailleurs pour vouloir faire mon profit de tout ce qui me paraîtrait raisonnable.

La Charte constitutionnelle ne l’est point par ses formes mêmes, les formes constitutionnelles ayant été violées dans sa composition. Le roi a nommé pour lui trois commissaires, c’est fort bien ; mais il a également nommé les commissaires pris dans le Sénat et dans le Corps législatif, et voilà ce qui est mal. C’était à ces deux corps à nommer leurs commissions pour travailler conjointement avec celle du roi. Alors la Charte serait l’ouvrage de tous, tandis qu’à présent elle est celui d’un seul ; car de penser que les commissaires nommés par le roi aient conservé leur indépendance et courageusement défendu les droits de la nation, c’est ce qu’il serait peu raisonnable de croire en connaissant l’influence du pouvoir et, cruelle vérité, le peu de dignité qui règne dans les hommes. Mais on ne doutera plus qu’ils n’ont point conservé cette indépendance, ou qu’ils en ont fait le sacrifice à l’intérêt personnel, quand on examinera leur