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ouvrage, quand on verra qu’il est uniquement fait pour le roi, pour consacrer son pouvoir absolu comme principe constitutionnel. Quel principe ! et quelle Constitution ! Et voilà ce qu’on appelle une Charte libérale ! Ah ! laissons-lui le nom que lui donnent ces royalistes outrés qui ne veulent point reconnaître une puissance nationale : Charte royale. Royale en effet ; je ne vois rien de constitutionnel dans tout cela.

On prétend que le roi l’est depuis dix-neuf ans ; cela est vigoureux ; disons mieux, cela est dérisoire. Quel roi que celui qui n’a pu exercer aucune autorité, qui le devient par cas fortuit, et, pour ainsi dire, par ricochet ! S’il est vrai que le roi l’est dès ce temps, où sont les actes qui constatent son pouvoir ? qui prouvent son existence ? À moins que la royauté ne soit, de sa nature, inerte et passive, et alors le grand-mogol ou l’empereur de la Chine pourraient également prétendre à nous gouverner, je ne vois rien qui puisse en effet attester l’existence d’un roi de France depuis dix-neuf ans. Misérable subterfuge d’une mal-adroite vanité qui n’est assurément pas celle du monarque, mais dont ses imprudens conseillers lui donnent l’air sans songer qu’ils impriment le ridicule à une autorité qui devrait être sacrée. Ce sophisme est une conséquence du système d’hérédité et de puissance absolue porté jusqu’au délire. Un journaliste, homme d’esprit et de sens, d’un caractère d’ailleurs estimable[1], disait, il y a

  1. Celui des rédacteurs du Journal de l’Empire, si connu, sous la lettre A ; M. Félèse enfin, dans sa Notice sur l’Ouvrage de M. de Châteaubriant. On doit nommer quiconque