Page:Raoul - Trois satiriques latins, vol 1 Juvénal, 1842.djvu/384

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s’appelait le mirmillon, l’autre le rétiaire. Le mirmillon était armé d’une cuirasse, tenait de la main droite une espèce de faux, de la gauche un bouclier, et son casque était surmonté de la figure d’un poisson. Le rétiaire le poursuivait en criant : Ce n’est pas à toi, Gaulois, que j’en veux, c’est à ton poisson : Galle, non peto, piscem peto. Le rétiaire, la figure découverte, revêtu d’une tunique légère, tenait un trident de la main gauche, et de la droite un filet dont il cherchait à envelopper son adversaire. Celui-ci, attentif à ne point se laisser surprendre, le bouclier au poing, poursuivait de sa faux le rétiaire, qui, obligé de céder, se déployait en arrière, d’après certaines règles, rassemblait son filet, et revenait plus ardent à la charge. Ce combat intéressait vivement le spectateur qui ne pouvait suivre, sans un certain plaisir mêlé d’inquiétude et de crainte, tantôt le mirmillon prêt à renverser le rétiaire, tantôt le rétiaire sur le point d’envelopper le mirmillon. Et, en effet, il devait être assez curieux de voir par quelle adresse l’un des deux champions, sans armes, pouvait parvenir à triompher de l’autre. Le rôle de Gracchus, en cet endroit, est celui du rétiaire, et c’est ce qui indigne surtout Juvénal qui suppose qu’il n’a choisi ce rôle que pour être mieux reconnu, et mettre sa honte dans un plus grand jour.

(18) Dans les jeux publics, les sénateurs, les magistrats, celui qui donnait le spectacle, et l’empereur, occupaient le premier rang qui s’appelait podium. C’était une espèce de tribune ou de péristyle circulaire. Au-dessus étaient les quatorze gradins des chevaliers ; au-dessous, les loges, caveœ, où l’on renfermait les bêtes qui devaient combattre.

(19) Heuc, heu miseri traduscimur ! ne veut pas dire que nous descendons tous sur le Styx ; c’est une exclamation qui revient à celle-ci : Voilà donc, malheureux que nous sommes, à quel degré d’avilissement nous sommes réduits !

(20) Par mores prætextatos, les uns entendent seulement les mœurs romaines ; les autres, des mœurs corrompues. On trouve dans Suétone l’adjectif prœtextatus employé dans ce dernier sens : Erat enim dicacitatis plurimæ, et sic scurrilis ac sordidæ, ut ne prætextatis quidem verbis abstineret. In vita Vespasiani.

Artaxate, sur l’Araxe, était alors la capitale de l’Arménie.