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III

LE SOCIALISME INTÉGRAL


I

Un marxiste russe d’un tempérament de polémiste a cru rabaisser singulièrement Pierre Lavroff, en l’appelant « un Malon russe ». Il l’a au contraire, me semble-t-il, honoré. En effet, Benoît Malon, le père spirituel du socialisme intégral, et Pierre Lavroff, le grand révolutionnaire russe doublé d’un savant d’une érudition universelle sont, malgré quelques différences, de la même famille intellectuelle et morale. Tous les deux, avec des ressources et des moyens différents, servaient la même cause, présentaient dans le socialisme contemporain la même tendance.

Cette tendance est assez exactement désignée par le nom de socialisme intégral, que lui a donné Benoît Malon lui-même. Et si un mot peut caractériser toute une doctrine ou, pour être plus exact, une méthode, la dénomination socialisme intégral est assez heureuse.

Qu’est-ce que le socialisme intégral ? Malon l’a défini comme « le socialisme envisagé sous tous ses aspects, dans tous ses éléments de formation, avec toutes ses manifestations possibles ». Et voilà pourquoi l’armée socialiste « est composée — toujours selon Malon — logiquement de tous les souffrants, de tous les militants, de tous les espérants ».

En développant cette formule, en lui donnant plus de précision, en en tirant toutes les conséquences logiques, nous aboutirons nécessairement à une méthode nouvelle de recherches socialistes, à un nouveau système d’idées socialistes. Ce système profitera certainement de tous les éléments scientifiques du socialisme marxiste, mais il le dépassera de beaucoup et donnera une base aussi large que solide au parti socialiste grandissant.

Mais pour que ce nouveau système justifie son nom, c’est-à-dire