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lointain, aujourd’hui, et pâle, et vaporeux, ce ciel qui semblait en Janvier, si proche et d’un bleu opaque, relié à la terre par la charnière de la montagne. Et ce cirque blanc, on l’imagine déjà tel qu’il sera sous les feux de l’été : un sec alpage étoilé de chardons d’argent, avec des éboulis de pierraille à la place de ces éboulis de neige dont se détachent par moment de petits blocs qui roulent le long de la pente en laissant derrière eux une trace d’une ravissante délicatesse : tatouage en creux, à faire rêver un sorcier nègre. Dans une heure, le soleil aura tout effacé.

Voici le col, voici la cabane, enfin voici le vent. Il est tel que je l’attendais : un terrible coup d’aile, et glacial. Vite, les chandails et les moufles de laine. Mais les moufles sont mouillées, d’être tombées dans cette neige lourde que le soleil désa-